Dans la commune, certains murs anciens se présentent ainsi :
La plupart de ces murs sont constitués :
- de deux parements de pierres calcaires de formes et de tailles variées avec une face plus ou moins
aplatie (dressée) tournée vers l’extérieur du mur.
- d’un remplissage de pierres calcaires plus grossières (moellons), ici aussi de différentes tailles, et de
cailloux
- de terre (terre argileuse plus ou moins enrichie de chaux ?).
Les pierres sont calées les unes avec les autres et les espaces qui restent entre elles sont colmatés avec
de la terre.
Intérieur d’un mur démoli
Pour donner de la cohésion au mur, certaines pierres, plus allongées que les pierres de parement, sont
disposées en boutisse, c’est-à-dire posées en travers du mur avec un de leurs bouts comme parement.
Certaines de ces boutisses traversent même toute l’épaisseur du mur afin de solidariser ses deux faces ;
ce sont des boutisses traversantes (ou boutisses parpaignes ou parpaings).
Ce sont ces boutisses qui dépassent des façades du mur.
Ce mur, ventru, s’est éboulé à l’endroit qui n’avait pas de boutisse dans les années 90
Une fois un mur construit, avec le temps il se peut qu'il "prenne du ventre". Pour le renforcer localement
on utilisait alors des renforts métalliques (forgés ou non) en forme de X, de Y ou de S.
En voici quelques exemples photographiés dans la commune :
Et les petits trous dans le mur ?
Ce sont des trous de boulins...
Ces trous, servaient, au moment de la construction, à glisser une pièce de bois ou boulin, qui dépassait
de chaque côté du mur. Sur ces boulins on disposait des planches afin d’obtenir un échafaudage.
D’autres pièces de bois devaient, sans doute, soutenir l’extrémité des boulins comme on peut le voir sur
le site « Guédelon, une grande passion »
Des esprits observateurs n’ont pas manqué de noter la présence, à première vue insolite, de nombreuses
pierres en légère saillie sur le parement de maçonneries rustiques en diverses régions : Beauce,
Bretagne, Charente, Béarn, Limousin, Auvergne, Bourgogne, Lorraine, etc. Ces pierres saillantes sont
visibles le plus souvent sur des pignons mais aussi parfois sur des gouttereaux, les uns comme les autres
généralement dépourvus de percements et d’enduit et ne faisant pas fonction de façade. Elles peuvent
être disposées sans ordre apparent ou sur une ou plusieurs assises. Dans ce dernier cas, elles sont
placées à intervalles réguliers. Une maçonnerie ruinée comportant de telles pierres saillantes révèle qu’il
s’agit de boutisses parpaignes, c’est-à-dire de pierres faisant toute l’épaisseur du mur et liant les deux
parements entre eux.
Négligeant ou ignorant la nécessité purement constructive de cette particularité, divers auteurs
d’ouvrages de plus ou moins bonne vulgarisation se sont risqués, ces dernières années, à un certain
nombre d’hypothèses pour expliquer ce qu’il considéraient peu ou prou comme une énigme (1).
Mur-gouttereau en assises de petits moellons d’un
vaste bâtiment rural; quatre rangées de boutisses
saillantes y sont visibles (d’après Suzanne Jean).
Un mur, rue de l’église
Pourquoi certaines pierres dépassent-elles ainsi ?
1. LES INTERPRÉTATIONS PSEUDO-TECHNIQUES
Un premier registre d’hypothèses fait intervenir des raisons techniques qui, à l’analyse, se révèlent
erronées.
1.1. DES POINTS D’APPUI POUR LA POSE D’ÉCHAFAUDAGES ?
L’idée a été avancée que ces saillies étaient laissées intentionnellement pour permettre la fixation d‘un
échafaudage lors d’une éventuelle réfection. Cela ne parait pas correspondre à ce que l’on connaît des
échafaudages et de leur pose : ceux-ci sont constitués principalement de boulins ou poutres
perpendiculaires aux murs, dont la pose nécessite non pas des saillies mais des encastrements ou trous
de boulins, disposés à intervalles réguliers sur plusieurs lignes horizontales. Si le mur n’est pas destiné à
être crépi, des orifices de section carrée sont laissés tels quels une fois le mur terminé et les boulins
déposés. Si, au contraire, le mur doit être crépi, l’emplacement des trous de boulins est marqué d’une
croix qui servira de repère pour les réfections ultérieures. Il semble donc qu’il y ait, dans cette
interprétation, confusion entre saillies et trous de boulins.
1.2. DES PIERRES D’ATTENTE POUR L’ANCRAGE D’UN BÂTIMENT MITOYEN ?
Dans le même ordre d’idées, une autre interprétation veut voir, dans les pierres laissées en saillie sur les
murs-pignon, un moyen de mieux ancrer un bâtiment contigu. Las, la saillie de ces pierres est souvent
trop faible (de 5 à 15 cm) pour permettre un liaisonnement efficace avec une quelconque maçonnerie
projetée. En réalité, ce rôle est dévolu non pas aux pignons mais aux gouttereaux ou murs de rive, dont
seules les extrémités ou rencontres avec les pignons présentent des pierres laissées en attente une assise
sur deux.
On constate rapidement, quand on regarde un mur de maison ou de grange en pierre, qu'il y a des trous
et des pierres qui dépassent sur les pignons.
Les amateurs de mots croisés connaissent bien les trous : ce sont les trous de boulins. Lorsque le mur est
achevé, les maçons retirent leur échafaudage en bois qu'ils y avaient fixé : cela laisse ces trous que l'on
laisse totalement ouverts sur une grange, pour que l'air circule et sèche le grain, ou que l'on bouche de
l'intérieur sur une maison.
Les pierres qui dépassent sont des boutisses, ou pierres parpaignes. Elles sont indispensables dans la
construction d'un mur. Pour monter un mur, le maçon utilise des pierres de toutes tailles, parfois très
petites. S'il se contentait de les empiler, le mur ne tiendrait pas longtemps : il s'ouvrirait en deux. Pour
éviter cela, il met de grandes pierres qui font toute la largeur du mur, pour assurer la couture du mur en
épaisseur.
Elles dépassent donc, et on ne les taille pas pour les aligner au mur pour plusieurs raisons : d'abord, si
l'on souhaite agrandir, ou ajouter une grange sur un mur existant, on "accroche" le nouveau mur à
l'ancien sur ces boutisses, un peu comme un puzzle. Cela évite que les deux murs ne s'ouvrent.
Et surtout, si vous voyez que votre maçon fait dépasser ces pierres, cela vous rassure sur la solidité de
votre mur ; pour féliciter le maçon de son bon travail, vous lui posez une bouteille sur chaque pierre qui
dépasse !
On raconte d'ailleurs que des maçons pas trop courageux mais assoiffés, plaçaient des bouts de pierres
de sorte qu'ils dépassent, juste pour avoir la bouteille !
Nous remerçions Monsieur GERARD COMMARIEU, pour toutes ces informations qui nous ont permis de réunir l'ensemble de ses études sur les murs.
La plupart de ces murs sont constitués :
- de deux parements de pierres calcaires de formes et de tailles variées avec une face plus ou moins
aplatie (dressée) tournée vers l’extérieur du mur.
- d’un remplissage de pierres calcaires plus grossières (moellons), ici aussi de différentes tailles, et de
cailloux
- de terre (terre argileuse plus ou moins enrichie de chaux ?).
Les pierres sont calées les unes avec les autres et les espaces qui restent entre elles sont colmatés avec
de la terre.
Intérieur d’un mur démoli
Pour donner de la cohésion au mur, certaines pierres, plus allongées que les pierres de parement, sont
disposées en boutisse, c’est-à-dire posées en travers du mur avec un de leurs bouts comme parement.
Certaines de ces boutisses traversent même toute l’épaisseur du mur afin de solidariser ses deux faces ;
ce sont des boutisses traversantes (ou boutisses parpaignes ou parpaings).
Ce sont ces boutisses qui dépassent des façades du mur.
Ce mur, ventru, s’est éboulé à l’endroit qui n’avait pas de boutisse dans les années 90
Une fois un mur construit, avec le temps il se peut qu'il "prenne du ventre". Pour le renforcer localement
on utilisait alors des renforts métalliques (forgés ou non) en forme de X, de Y ou de S.
En voici quelques exemples photographiés dans la commune :
Et les petits trous dans le mur ?
Ce sont des trous de boulins...
Ces trous, servaient, au moment de la construction, à glisser une pièce de bois ou boulin, qui dépassait
de chaque côté du mur. Sur ces boulins on disposait des planches afin d’obtenir un échafaudage.
D’autres pièces de bois devaient, sans doute, soutenir l’extrémité des boulins comme on peut le voir sur
le site « Guédelon, une grande passion »
Des esprits observateurs n’ont pas manqué de noter la présence, à première vue insolite, de nombreuses
pierres en légère saillie sur le parement de maçonneries rustiques en diverses régions : Beauce,
Bretagne, Charente, Béarn, Limousin, Auvergne, Bourgogne, Lorraine, etc. Ces pierres saillantes sont
visibles le plus souvent sur des pignons mais aussi parfois sur des gouttereaux, les uns comme les autres
généralement dépourvus de percements et d’enduit et ne faisant pas fonction de façade. Elles peuvent
être disposées sans ordre apparent ou sur une ou plusieurs assises. Dans ce dernier cas, elles sont
placées à intervalles réguliers. Une maçonnerie ruinée comportant de telles pierres saillantes révèle qu’il
s’agit de boutisses parpaignes, c’est-à-dire de pierres faisant toute l’épaisseur du mur et liant les deux
parements entre eux.
Négligeant ou ignorant la nécessité purement constructive de cette particularité, divers auteurs
d’ouvrages de plus ou moins bonne vulgarisation se sont risqués, ces dernières années, à un certain
nombre d’hypothèses pour expliquer ce qu’il considéraient peu ou prou comme une énigme (1).
Mur-gouttereau en assises de petits moellons d’un
vaste bâtiment rural; quatre rangées de boutisses
saillantes y sont visibles (d’après Suzanne Jean).
Un mur, rue de l’église
Pourquoi certaines pierres dépassent-elles ainsi ?
1. LES INTERPRÉTATIONS PSEUDO-TECHNIQUES
Un premier registre d’hypothèses fait intervenir des raisons techniques qui, à l’analyse, se révèlent
erronées.
1.1. DES POINTS D’APPUI POUR LA POSE D’ÉCHAFAUDAGES ?
L’idée a été avancée que ces saillies étaient laissées intentionnellement pour permettre la fixation d‘un
échafaudage lors d’une éventuelle réfection. Cela ne parait pas correspondre à ce que l’on connaît des
échafaudages et de leur pose : ceux-ci sont constitués principalement de boulins ou poutres
perpendiculaires aux murs, dont la pose nécessite non pas des saillies mais des encastrements ou trous
de boulins, disposés à intervalles réguliers sur plusieurs lignes horizontales. Si le mur n’est pas destiné à
être crépi, des orifices de section carrée sont laissés tels quels une fois le mur terminé et les boulins
déposés. Si, au contraire, le mur doit être crépi, l’emplacement des trous de boulins est marqué d’une
croix qui servira de repère pour les réfections ultérieures. Il semble donc qu’il y ait, dans cette
interprétation, confusion entre saillies et trous de boulins.
1.2. DES PIERRES D’ATTENTE POUR L’ANCRAGE D’UN BÂTIMENT MITOYEN ?
Dans le même ordre d’idées, une autre interprétation veut voir, dans les pierres laissées en saillie sur les
murs-pignon, un moyen de mieux ancrer un bâtiment contigu. Las, la saillie de ces pierres est souvent
trop faible (de 5 à 15 cm) pour permettre un liaisonnement efficace avec une quelconque maçonnerie
projetée. En réalité, ce rôle est dévolu non pas aux pignons mais aux gouttereaux ou murs de rive, dont
seules les extrémités ou rencontres avec les pignons présentent des pierres laissées en attente une assise
sur deux.
On constate rapidement, quand on regarde un mur de maison ou de grange en pierre, qu'il y a des trous
et des pierres qui dépassent sur les pignons.
Les amateurs de mots croisés connaissent bien les trous : ce sont les trous de boulins. Lorsque le mur est
achevé, les maçons retirent leur échafaudage en bois qu'ils y avaient fixé : cela laisse ces trous que l'on
laisse totalement ouverts sur une grange, pour que l'air circule et sèche le grain, ou que l'on bouche de
l'intérieur sur une maison.
Les pierres qui dépassent sont des boutisses, ou pierres parpaignes. Elles sont indispensables dans la
construction d'un mur. Pour monter un mur, le maçon utilise des pierres de toutes tailles, parfois très
petites. S'il se contentait de les empiler, le mur ne tiendrait pas longtemps : il s'ouvrirait en deux. Pour
éviter cela, il met de grandes pierres qui font toute la largeur du mur, pour assurer la couture du mur en
épaisseur.
Elles dépassent donc, et on ne les taille pas pour les aligner au mur pour plusieurs raisons : d'abord, si
l'on souhaite agrandir, ou ajouter une grange sur un mur existant, on "accroche" le nouveau mur à
l'ancien sur ces boutisses, un peu comme un puzzle. Cela évite que les deux murs ne s'ouvrent.
Et surtout, si vous voyez que votre maçon fait dépasser ces pierres, cela vous rassure sur la solidité de
votre mur ; pour féliciter le maçon de son bon travail, vous lui posez une bouteille sur chaque pierre qui
dépasse !
On raconte d'ailleurs que des maçons pas trop courageux mais assoiffés, plaçaient des bouts de pierres
de sorte qu'ils dépassent, juste pour avoir la bouteille !
Nous remerçions Monsieur GERARD COMMARIEU, pour toutes ces informations qui nous ont permis de réunir l'ensemble de ses études sur les murs.